Le savon de Marseille


poster Savon de Marseille

La plupart des français connaissent le savon de Marseille qu'utilisaient nos grands-mères et mères. C'est un produit simple qui a évolué au fil des âges et dont les qualités sont redécouvertes aujourd'hui.

Les Gaulois l'utilisaient paraît-il pour colorer en roux leurs cheveux, mais aussi en lotion contre les maladies de la peau et les éruptions cutanées. C'est alors une pâte plus ou moins liquide à base de cendres forestières et graisses animales.

Après les croisades, le savon à base d'huiles végétales devient produit courant.

Le savon de Marseille acquiert sa notoriété au XVIIème pour deux raisons majeures : à cette époque une importance plus grande est donnée à l'habillement et à la personne et en 1688 un édit (selon les voeux du roi Soleil) réglemente la fabrication afin d'assurer sa qualité: " on devait employer que de pures huiles d'olive, à l'exclusion de tout autre corps gras ".

La consommation de savon progresse mais plusieurs crises vont entamer sa progression. Les troubles de la Révolution française vont créer une première crise, puis les guerres successives. Les savonniers peu scrupuleux n'hésitent pas à ajouter du talc, de la gomme et certaines manufactures doivent fermer ouvrant la porte aux savons étrangers. Les ménagères boudent le produit car de qualité médiocre.

On découvre ensuite que les " mélanges d'huiles de graines, telles que l'oeillet, avec l'huile d'olive [...] donne un savon qui plaît tellement aux acheteurs qu'il devient presque impossible de vendre celui qui n'est composé que d'huile d'olive ". Puis d'autres huiles faites à partir de sésame, de palme, de coco et d'arachides seront incorporées. En 1812 un décret accorde au Savon de Marseille à l'huile d'olive une marque particulière et les industriels doivent préciser les types d'huiles utilisées, le nom de l'industriel et la ville d'origine.

Bien que la concurrence des produits étrangers s'accentue, le développement d'un nouveau secteur industriel, l'huilerie, va permettre à Marseille de reconquérir le marché national des savons. Parallèlement les développements des chemins de fer permettent de distribuer le savon facilement. Au XXe siècle, l'hygiène et le confort garantissent au savon de devenir une nécessité. Il n'est pas réserve à l'usage domestique mais est utilisé dans les salles d'opération et dans l'industrie, pour le lavage de la laine. Les savonneries fusionnent avec les huileries pour ouvrir d'autres débouchés.

C'est alors qu'arrive la lessive en poudre, inventée par un... Marseillais, sous la marque Persil. Ce n'est pas un grand succès au départ mais le procédé est copié à l'étranger. La Première Guerre Mondiale et l'apparition des premières machines à laver, demandant un bon pouvoir lavant mais peu de mousse entraîne la disparition des lavandières et le déclin de la production. Pour achever le déclin du savon un groupe américain Procter & Gamble s'installe à Marseille. La marque Le Chat essaye bien le Chat Machine (entièrement biodégradable) mais sans grand succès. En 1986 l'usine ferme avec une grande émotion.

A travers les temps le Savon de Marseille a su se défendre grâce à ses qualités : il est simple, naturel et efficace, peu cher d'où un nouveau positionnement écologique. Il n'a plus à faire preuve de ses qualités. Il 100% biodégradable, hypoallergénique et largement recommandé par les dermatologues. Les sages-femmes le conseillent pour les nourrissons. On trouve le Savon de Marseille coloré et parfumé à la lavande, au jasmin, magnolia,... avec toutes sortes de formes (cigale, dauphin, ourson,...).

Aujourd'hui, la consommation des savons est limitée, concurrencée par les savonnettes sophistiquées, les bains moussants pour la toilette et les lessives en poudre pour le linge. Les Laboratoires Vendôme, installés en Provence ont innové en lançant Le Petit Marseillais. D'autres ont suivi depuis comme Marius Fabre, l'Occitane et La Compagnie de Provence.

Espérons que le dynamisme de ces nouveaux acteurs va permettre au Savon de Marseille de poursuivre son existence passionnante.

savon de la compagnie de Provence-Marseille


A lire :    Le savon de Marseille de Patrick Boulanger