BRUN Auguste

(D'après Jean Stefanini, Académie de Marseille)


    Auguste Brun est né à Pau le 28 mars 1881 et mort à Marseille le 22 août 1961. Linguiste.

    Il fait à Pau des études secondaires brillantes (mentions au Concours général en histoire et allemand). Après une première supérieure à Henri-IV, une licence (1902) en Sorbonne, agrégé de grammaire (1906), il est nommé au lycée de Toulon (1906-7), puis d’Avignon (1907-11) et de Digne (1911-14) où la guerre le surprend. Démobilisé et professeur de 4e au grand lycée de Marseille, il se remet à la rédaction de ses thèses : Recherche sur l’introduction du français dans les provinces du Midi, L’introduction du français en Béarn et en Roussillon, soutenues en 1923.

    Chargé de cours (1933), il occupe ensuite la chaire de langues romanes à la faculté d’Aix, enseignant avec l’histoire de la langue, la philologie et la littérature française, surtout du XVIe et du XIXe siècles. Il poursuit l’enquête commencée (La langue française en Provence de Louis XIV au Félibrige, 1927), défendant sont interprétation de l’édit de Villers-Cotteret (cf. le chapitre qu’il donne dans l’Histoire de la langue française de son maître F. Brunot). Il ne répond pas à Lucien Febvre qui lui reproche, en l’étudiant l’influence d’un acte législatif, de faire de l’histoire événementielle en négligeant l’influence des faits économiques et de civilisation et les enseignements de l’histoire des langues : l’exemple contemporain de la Belgique ou du Canada l’a fait pour lui.

    Sensible aux courants novateurs de la linguistique de son temps, il s’intéresse au langage oral et décrit Le Français de Marseille dans un livre (1931) devenu classique, après avoir proposée une explication neuve de la fragmentation entre langues d’oc et d’oil (1928) par les substrats pré-celtique et celtique : de très nombreux articles décrivent les rapports entre écrivains français et auteurs ou pays occitans, ou constituent d’importantes contributions à l’histoire de la littérature du Midi, des troubadours à la pastorale marseillaise du XIXe siècle. Son Bellaud de la Bellaudière (1952), ses éditions et commentaires de Pierre Paul et de Michel Tronc ont renouvelé notre connaissance de la Renaissance provençale du XVIe siècle. Historien de la lexicographie provençale, il révéla P. Féraud comme provençaliste. Stylicien, il analysa (1954) l’écriture dramatique de Diderot et de Musset. Une cruelle maladie mit fin à cette inlassable quête.

    Toute sa vie, il garda les habitudes de travail et de rigueur morale, de stoïcisme devant le malheur, qu’il tenait de la bonne bourgeoisie provinciale dont il était issu. Il les alliait à une bonhomie souriante, une prodigieuse liberté d’esprit, une acuité intellectuelle toujours en éveil.


Bibliographie :

Le Français de Marseille, étude de parler régional. Editions : Jeanne Laffitte, 1931