GUIRAL Pierre

(D’après Roland Caty et Pierre Echinard, Académie de Marseille)


    Pierre Guiral est né à Marseille le 3 juillet 1909 et mort dans la même ville le 1 janvier 1996. Historien.

    Issu d’une ancienne famille marseillaise de savonniers par sa mère et de commerçants de gomme du Sénégal par son père, il fait ses études au lycée Périer et au lycée Thiers, avant la khâgnes parisienne au lycée Henri IV où il est fortement marqué par l’influence d’Alain. Reçu en 1931, à l’agrégation d’histoire, il enseigne à Pau et à Avignon, puis, en 1936, au Lycée Saint-Charles de Marseille où il se lie avec Jean-Paul Dadelsen et Georges Pompidou.

    Durant la seconde guerre mondiale, il prend en charge la khâgne du lycée Thiers. A partir de 1947, il est assistant à la faculté des lettres d’Aix. Il soutient en 1954 et publie en 1955 sa thèse sur Prévost-Paradol qui lui permet de s’affirmer comme l’un des grands spécialistes de la presse française (il co-dirigera notamment une Histoire de la presse en cinq volumes) et du Second Empire. La même année, il est élu à l’Académie de Marseille.

    Professeur à la faculté d’Aix et à l’Institut politique, il concentre ses activités sur le XIXe siècle français (politique, presse, économie, société) et les rapports de Marseille avec la Méditerranée, tant avec l’Italie qu’avec l’Algérie. Enseignant, très proche de ses étudiants, il dispose d’une immense culture historique et littéraire ; directeur de recherche il suscite une grande quantité de travaux sur la presse marseillaise ou nationale, sur le commerce maritime, sur les minorités nationales ou religieuses à Marseille. Il préside aussi aux premières recherches universitaires sur le cinéma et le sport en Provence.

    Sans renier ses propres convictions, un souci permanent de recherche de l’autre l’entraîne à s’approcher avec une sorte de fascination de sujets et de personnages discutés, voire controversés :anarchistes, maurrassiens, Napoléon III, Thiers, Clemenceau, … et, pour commencer, le héros de sa thèse, Prévost-Paradol. Il est de même sensible au passé colonial de la France en Algérie qui fait, entre autres, l’objet de sa thèse complémentaire. Catholique convaincu, il n’a cessé d’entretenir des rapports privilégiés avec les autres communautés religieuses, protestants, israélites et orthodoxe. De même, d’extraction bourgeoise, il avoue sa préférence parmi ses œuvres pour sa Vie quotidienne des domestiques, un hommage aux humbles.

    Sa contribution à l’épanouissement de l’histoire de la Provence et de Marseille est majeure : de Marseille et l’Algérie (1956) aux Marseillais dans l’histoire (1990) en passant par sa participation à l’Histoire de la Provence, à plusieurs Histoires de Marseille, à celle du Diocèse de Marseille et du Diocèse d’Aix, à celle encore de la Libération de Marseille, préfacée par Gaston Defferre.

    Pierre Guiral fut aussi un animateur hors pair de la vie culturelle locale, au confluent de l’Université aixoise, des Académies provençales et de multiples autres sociétés savantes marseillaises, régionales et internationales. Il était officier de la Légion d’honneur.