Marseille, la revue culturelle de la ville de Marseille, (Pierre Echinard)

- Editorial -

    Plus d’un siècle et demi pour devenir célèbre ! Pendant longtemps les écrivains n’en parlent pas. Encore au milieu de XIXe siècles, Malte-Brun, qui insiste sur les « fort belles promenades de Marseille », oublie de la citeur. Et puis, soudain, c’est la célébrité telle que peu d’autres artères au monde peuvent se prévaloir d’en posséder une semblable.

    Elle n’a pas la beauté ni le luxe des Champs-Elysées, sinon la beauté du diable, elle n’a pas 20 kilomètres de long et des milliers de lumières comme Broadway, sinon qu’elle a pour elle le soleil, et qu’elle va, c’est bien connu, « jusqu’au bout de la terre » …

    Elle n’est rien, pas plus en tout cas, que des milliers et des milliers d’autres rues au monde, mais elle n’en est pas moins unique, tout comme Marseille n’est qu’un petit point sur une carte, sans commune mesure avec sa charge d’imaginaire et de vérité.

    Mystère encore, son unité, alors qu’elle reste de toute évidence une trinité !

    Elle consacre les réussites.

    Elle affiche les colères.

    Elle collectionne les drames.

    Elle distille les nostalgies.

    Elle est luxe et misère.

    Elle est un trait de haine et d’amour fiché au cœur de la ville. Elle est le passé et l’avenir, elle est Marseille.