De François Di Roma

    A la lisière étroite de la fiction et de l’Histoire, dans ces parages mouvants où la réalité ne se distingue palus de la littérature, l’île d’If hésite et tangue. Sur la carte marine, elle n’est pas plus grosse qu’une tête d’épingle. Dans l’imaginaire, elle a pris les dimensions d’un univers, peuplé de héros inoubliables.

    Le roman a évacué l’Histoire, Dantès et Faria ont rejeté aux oubliettes François 1^er et Vauban, Mirabeau et quelques autres.

    Des six siècles qui nous séparent du premier écrit mentionnant le nom de l’île, tout ou presque avait été oublié : ce livre est le fruit d’une longue quête à travers les documents d’archives, les mémoires et les chroniques.

    Nous y verrons les vaisseaux de César passant au large, et ceux d’Aragon qui jettent l’ancre devant If. Nous y surprendrons, en 1515, un rhinocéros paissant l’herbe rase de l’îlot. Nous entendrons les gémissements et les prières des protestants incarcérés dans le cul-de-tours, au tournant du XVIII^e siècle. Et nous buterons sur le cercueil de Kléber, oublié 17 années durant, dans une des salles du Château …

    Nous croiserons des personnages, curieux, saugrenus, pathétique, et quelques fantômes égarés. Le véritable abbé Faria nous sera enfin présenté, ainsi que la postérité littéraire, dramatique et cinématographique d’Alexandre Dumas.

    Il demeurera un mystère, cependant, que nous n’aurons pas éclairci : c’est celui du « trou », dont les guides du Château affirment qu’il fut creusé par Dantès et par lequel, sur l’île d’If, le monde réel communique avec celui du rêve.

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