De Marcel Roncayolo

    Mouvement, brassages, apports alluviaux de populations différentes, travail permanent de reconstruction et de recomposition s’attachent à l’identité marseillaise, en dessiner l’originalité et parfois les paradoxes. Car ces caractères assez communs aux grandes villes prennent une dimension particulière à Marseille. La ville n’a montré souvent que peu de scrupules à l’égard des témoins du passé, a consenti, sous l’action des rationalités du moment (peu conduites d’ailleurs à leur terme), des révisions destructrices, a subi des vandalisme d’occupants. Pourtant compte tenu de ces événements, il a bien fallu que les mouvements trouvent un support territorial, qu’ils s’inscrivent sur le sol et laissent ainsi, plus ou moins profondément, leurs traces. Même l’expansion physique de la ville ne s’est pas établie en table rase. C’est ainsi que les changements de société prennent leur consistance matérielle, que les paysages urbains deviennent du temps consolidé : lent travail de formation, de différenciation des lieux, de réinterprétation aussi. Le patrimoine n’est pas seulement l’exceptionnel (ce qui ne fait pas défaut à Marseille, des sites naturels aux objets architecturaux) ; il se nourrit du quotidien, du banal ou presque ; mais ils processus plus que simple conservation et capable de ce fait de peser sur le devenir de la ville. Tels sont les « territoires » qu’entend présenter cet ouvrage.

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