De Renée Lopez et Emile Temime

    Marseille est au centre d’un débat sur l’immigration que l’on a actualisé au point d’oublier l’essentiel : les contradictions, les affrontements entre communautés sont une permanence de cette. Cité-carrefour, cité-refuge, elle faite de ces apports successifs, qui en font aussi l’originalité et la richesse. Vingt années de recherches et de réflexions permettent aujourd’hui de dresser un bilan exceptionnel et de souligner cette continuité dans ses différentes étapes.

    Ce deuxième volume nous fait entrer cependant dans une ère nouvelle, celle d’une immigration qui « rapporte ». L’arrivée de négociants et de techniciens étrangers qui offrent leurs compétences et font fructifier leurs capitaux n’est sans doute pas originale. Mais le trafic des hommes enrichit aussi les compagnies de navigation et nourrit quantité d’intermédiaires. Surtout l’économie marseillaise, liée à la croissance du port et des industries qui en dépendent, fait appel à une masse de travailleurs, essentiellement venus d’Italie. « L’invasion italienne » provoque, dans les moments de crise, des réactions xénophobes et des rejets parfois violents. Elle n’est pourtant qu’un rouage dans un « système » qui utilise une main-d’œuvre précaire, toujours renouvelée. Vienne le moment où cette main-d’œuvre se stabilise, où elle participe à la contestation ouvrière, il faudra alors recourir à une autre immigration, espagnole ou « coloniale ». La guerre de 1914 ne fait sur ce point qu’amplifier un mouvement largement amorcé …

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