CHARLES-ROUX Jules


    Issu d’une famille installée à Marseille depuis le XVIII ème siècle, Jules Charles-Roux naît le 14 novembre 1841. Son enfance se déroule entre la fabrique de savons de son père, le château de Sausset-les-Pins où séjournent de nombreux peintres et écrivains, et la campagne Montredon.

    Il est le seul héritier masculin et de ce fait sera amené un jour à prendre la direction de l’usine paternelle. A cette fin il reçoit une solide formation technique adaptée à son futur métier, fait rare dans son milieu et à son époque. Il suit l’enseignement de la faculté des sciences de Marseille, qu’il complète par les cours du grand chimiste Chevreul à Paris.

    Jules Charles-Roux à 21 ans, entre dans la savonnerie familiale dont il prend la direction au décès de son père. En quelques années, l’usine est entièrement modernisée, l’emploi de sa main-d'œuvre rationalisée. En 1877, il s’associe avec son beau-frère Charles Canaple et à la fin du siècle les savons sortis de l’usine représentent 10 % de la production marseillaise. Plusieurs médailles et distinctions internationales consacrent le renom de la société. Par ailleurs, Jules Charles-Roux, industriel avisé, mène un combat actif pour la reconnaissance de la profession.

    On ne connaît pas réellement la gestion qu’il appliqua au sein de son usine à l’égard du personnel. Cependant, on peut supposer un type de gestion paternaliste, si l’on se fie à la politique d’ action sociale qu’il mit en place avec la caisse d’Epargne, dont il occupa le poste de directeur pendant quelques années.

    La carrière politique de Jules Charles-Roux fut relativement brève. Il fut élu au conseil municipal en 1887, puis deux ans après député républicain modéré et enfin en 1895 conseiller général.

    En 1898 il ne se représenta pas à la députation, mais son influence demeura importante comme en témoigne son rôle essentiel dans la politique coloniale de la France jusque dans les premières années du XX ème siècle.

    Jules Charles-Roux fut le porte-parole du libéralisme économique, contre les orientations protectionnistes défendues par le ministre Jules Méline.


L’armateur

    Dans les années 1900, Jules Charles-Roux couronna son parcours en accédant à la présidence de plusieurs compagnies maritimes (en 1904 il prend la tête de la Compagnie Générale Transatlantique alors en graves difficultés financières). Il exerça par ailleurs la présidence de plusieurs autres sociétés ayant un lien avec le transport maritime (chantiers navals, banques et compagnies d'assurances) et devint enfin président du comité central des Armateurs de France de 1910 à 1917.


Le colonial

    Défenseur de la colonisation, Jules Charles-Roux en fut aussi un des acteurs essentiels. Il soutint l'expansion française en Tunisie, au Dahomey et à Madagascar. Il fut le fondateur de plusieurs comités coloniaux, président de la Société de Géographie de Marseille, ami de Galliéni et Lyautey dont il favorisa la carrière.

    En 1900, à l'exposition universelle de Paris, il créa une section des colonies. En 1906, il fut le commissaire général de la première exposition coloniale jamais réalisée en France. Elle se tint à Marseille et attira 1 800 000 visiteurs venus visiter une cinquantaine de palais et de pavillons.


Un homme de culture

    Amateur éclairé de peinture, Jules Charles-Roux soutint activement les peintres locaux contemporains tels que Torrents dont il devint un véritable mécène, Suchet ou encore Ricard, dont il fut un ami intime. Tous ces artistes sont représentés dans sa collection.

    Soucieux d'accroître et former les goûts artistiques de ses concitoyens, il développa considérablement les activités du Cercle artistique de Marseille dont il devint un des piliers en organisant expositions de peinture, conférences et concerts.

    Ardent défenseur de l'identité provençale, il apporta sa contribution financière à la fondation du Museon Arlaten à Arles ainsi qu'à l'achat du palais du Roure en Avignon pour en faire un musée de la langue provençale. Grand admirateur et ami de Mistral, il soutint le mouvement du Félibrige.


A lire :    Jules Charles-Roux, le grand Marseillais de Paris. Editions : Marines, 2004