MONTICELLI Adolphe
(D'après Pierre Guiral)
Adolphe Monticelli est né le 18 octobre 1824 à Marseille, il meurt dans sa ville natale le 26 juin 1886. Il est sans doute le plus grand peintre marseillais du XIXe siècle et, contrairement à la légende, il fut admiré de son vivant puisque Verlaine acquit une de ses œuvres. Né à Marseille, 6 rue Longue-des-Capucins, il y est mort, 12 rue Sénac. Dès le lendemain de sa naissance, il fut mis en nourrice à Ganagobie, haut lieu des Alpes de Provence. On aime à dire que c’est de ce contact avec la nature que lui est venu son goût du paysage. En vérité ce goût est commun à presque tous les artistes de l’époque et son inspiration est variée à l’extrême. Après avoir étudié à l’école de dessin de la ville et à l’école gratuite de musique fondée par Barsotti en 1821, Monticelli, dès 1846-1847, part pour Paris. A partir de 1852 et jusqu’en 1867, il participe aux expositions de peinture marseillaises que Loubon a organisées. Revenu dans le Midi, il voyage beaucoup, cherchant sa voie, tantôt à Paris, tantôt à Marseille; dans le Languedoc, parcourant les Cévennes et remontant jusqu’en Auvergne. Fêté et choyé partout; à Nîmes, à Montpellier, à Béziers, semant de-ci de-là, bon nombre de pages remarquables, mais ne décelant pas encore la personnalité qui le distinguera plus tard. Peintre, il est aussi décorateur. En 1868 il achève le grand tableau de l’église d’Allauch, la plus importante mais non la plus remarquable de ses œuvres qui lui fut payée 1500 francs. La guerre de 1870 le trouve à Paris qu’il quitte dès que les conditions de vie s’aggravent. En mai 1871, il est de retour à Marseille et on peut dire qu’à cette date ses années d’apprentissage sont terminées. II peint beaucoup : mille tableaux durant les treize années 1870-1883, presque autant que pendant la période 1840-1870 (1500 tableaux). Il peint jusqu’à ce qu’il soit atteint par une première attaque d’hémiplégie que suivra une seconde fin 1884. Ces deux dernières années marquent une chute; c’est le déclin qu’a signalé Horace Bertin.
Comme nous venons de le voir, Monticelli a eu une production très abondante. Il a peint des scènes religieuses, des portraits (Portrait de Mme René au musée de Lyon), des natures mortes (Le Pichet Blanc au musée du Louvre), des fleurs, des marines (Bateaux à Cassis), des scènes de genre (Les Cuisines), des scènes d’histoire (Entrée de Charles Quint à Anvers, encore au musée de Lyon), mais on a surtout retenu ses évocations de femmes dans un parc où robes et chairs rayonnent sur des feuillages sombres, des scènes galantes inspirées de Watteau et de l’Opéra, scènes imaginaires d’où se dégage une intense poésie. Le malheur de Monticelli, c’est qu’ont circulé de nombreux faux dès son vivant, mais plus encore dans les vingt ou trente ans qui suivirent sa mort.
Certains artistes ont été rebelles à son art trop chatoyant (Degas au témoignage de Daniel Halévy), mais on ne saurait mettre en doute l’originalité de son talent qu’ont perçue de nombreux écrivains (J.-L. Vaudoyer) et de grands peintres (Ziem et Van Gogh).
Un monument à la gloire de Monticelli a été érigé en 1909 cours du Chapitre devenu cours Joseph-Thierry. Il est dû à Auguste Carli.
A lire : | Monticelli l'étrange de Georges Raillard, Editions : André Dimanche, 2008 | |
Van Gogh - Monticelli de Françoise Monnin, Connaissance des Arts, HS n° 371, Septembre 2008 |