ROUX DE CORSE Georges (ROUX Georges dit)

(D’après Félix Reynaud, Académie de Marseille)


    Georges Roux de Corse est né à Tino en 1703 et mort à Brue le 12 mars 1792. Négociant.

    L'activité multiple de ce célèbre négociant a provoqué la naissance d'une véritable légende. Les faits attestés suffisent cependant pour qu'on puisse le considérer comme l'une des figures marquantes de la vie économique marseillaise du XVIIIe siècle. Né dans les Cyclades d'une famille d'origine française, il revint tôt à Marseille où, dès 1927, on le trouve rentrant de la Martinique. Pendant quarante ans il commerça avec les Antilles, participa largement à leur mise en valeur en y expédiant des colons et des espèces. Nous savons aussi q'il pratiqua la traite des esclaves. En 1730, il contribua à introduire en France le café, dont la culture débutait alors aux îles, et à faire de Marseille la place de redistribution de cette marchandise dans tous le bassin méditerranéen. Ses affaires l'amenèrent à armer de nombreux navires et, pendant la guerre de Succession d'Autriche (1741-1748) et la guerre de Sept Ans (1756-1763), il fit la pratique de la guerre de course par ses capitaines. Une tradition affirme qu'il alla jusqu'à déclarer la guerre au roi d'Angleterre. Sa fortune lui permit d'acheter en 1746 la terre de Brue sur laquelle il édifia une petite ville; il y établit une manufacture de soie, fit cultiver les terres et exploiter les forêts environnantes. Brue devint un centre de peuplement où affluaient les colons.

    Premiers échevin de Marseille en 1744 et de nouveau en 1765, il s'efforça d'assainir les finances de la ville.

    Chevalier de Saint-Michel en 1749, anobli en 1750 avec le titre de marquis de Brue, conseiller d'Etat en 1765, il était au faite de prospérité et des honneurs lorsque la perte, coup sur coup, de trois de ses navires, marqua le commencement de sa décadence. Les courtiers de commerce dont il avait cherché à amoindrir l'influence, se retournèrent contre lui, firent saisir ses bien, y compris les terres de Brue, mais furent, à leur tour, entraînés dans la faillite en 1774.

    Georges Roux mourut ruiné, à Brue, au début de la Révolution. Sa fortune, son faste, sa générosité avaient fait de lui un moment le personnage phare de Marseille. De cette prospérité il nous reste aujourd'hui l'hôtel de la rue Montgrand, construit par son frère André vers 1740, où lui-même donna des fêtes magnifiques, qui fut le siège de la préfecture des Bouches-du-Rhône de 1805 à 1860 et qui est depuis 1890 le lycée Montgrand récemment restauré.


A lire :     Georges Roux de Corse, l’étrange destin d’un armateur marseillais (1703-1792). de Michel Goury et Charles Carrière, Editions : Jeanne Laffitte, 1990