Remarques de Jean CONTRUCCI


Comment vous est venue l'idée de ces nouveaux mystères de Marseille ? Est-ce que c'est suite aux chroniques écrites pour Le Provençal ?

    L’idée de L’énigme de La Blancarde m’est venue lorsqu’en 2000 j’ai décidé de revenir à la fiction après une longue période où le hasard et la nécessité m’avaient fait commettre un certain nombre d’ouvrages à connotation historique, dont le monumental Marseille, (807 pages !) co-signé avec Roger Duchêne, paru chez Fayard, et d’autres qui relevaient d’un travail journalistique. Je cherchais donc un « scénario » possible, lorsque j’ai repensé à l’affaire Mouttet que j’avais déjà racontée sous une forme réduite dans les colonnes du Provençal, puis publié dans un recueil d’histoires vraies paru sous le titre Ça s’est passé à Marseille (5 volumes). Cette affaire m’avait fasciné, parce que c’était un siècle avant l’affaire Marchal (« Omar m’a tuer »). Une riche rombière sauvagement assassinée, un coupable idéal, son fils adoptif et la justice qui se prend les pieds dans le tapis au point de brouiller les choses au point qu’on ne sait plus qui a fait quoi, alors que ça paraissait évident. J’ai pensé que ça ferait un bon canevas de départ. Comme l’affaire avait eu lieu en 1891, j’ai eu envie de reconstituer l’ambiance de cette Marseille de la Belle Epoque, en mêlant mon goût pour la fiction à celui de l’Histoire. C’est parti de là. L’affaire est vraie, sauf que j’ai inventé tout le reste.

Il y a eu "Les mystères de Paris", puis "Les nouveaux mystères de Paris" de Léo Malet. Zola a écrit "Les mystères de Marseille". Est-ce qu'avec "L'énigme de la Blancarde" sous-titré "Les nouveaux mystères de Marseille" vous commencez une série ? Et donc y aura-t-il une suite à "L'énigme de la Blancarde" avec les mêmes personnages ?

    Le sous-titre Les nouveaux mystères de Marseille est, évidemment, un clin d’œil hommage au premier roman d’Emile Zola, qui lui-même faisait référence aux Mystères de Paris d’Eugène Sue (en moins bon). Je pensais en rester là. C’est Laurent Laffont, qui dirige Lattès qui m’a suggéré l’idée d’une « suite » où à partir d’affaires réelles, plus ou moins adaptées, on retrouverait des personnages récurrents – les héros de L’énigme de La Blancarde : Raoul le reporter, Cécile sa fiancée  devenue sa femme,  l’oncle commissaire,  etc…  auxquels  viendraient  s’agréger des « seconds rôles » propres à chaque histoire. Il y aura donc une suite. Le second volume est achevé, le contrat est signé. Il se déroulera à Mazargues, et s’intitulera La faute de l’abbé Richaud. Je fais plus que réfléchir au troisième, dont le titre pourrait être Le secret du Docteur Danglard. Mais ne m’en demandez pas plus, je ne sais pas encore ce qu’il nous cache. Après ? On verra. Je m’arrêterai de moi-même quand je n’éprouverai plus de plaisir. C’est le moteur principal. A partager avec les lecteurs. Mais je ne me vois pas jouer les Léo Malet et aller jusqu’à 20 volumes.

Combien de temps pour écrire "L’Enigme de la Blancarde" ?

    « L’énigme » m’a pris deux mois pour aller jusqu’au mot fin. J’écris vite, mais après une gestation plus ou moins longue. Mon record personnel c’est 27 jours (La cathédrale engloutie). Encore faut-il s’entendre. Je recorrige et relis beaucoup pour flinguer les adverbes et les adjectifs en plein vol.